Instants cléments

 

Aparté.

Pour parvenir jusqu’à la voix, je dus parcourir un dédale de paravents, enjamber de longs rouleaux déroulés, lestés de cailloux jusqu’à l’atelier.
Il me faut vous avouer, ma Lointaine, Chère Marquise, ma Dame de l’autre côté du tain, que jamais… jamais de toute ma vie, je n’ai vu sur aucun dessin, aucune esquisse, aucune pochade, tant de frémissement, de désir, de volupté, tant de délice. Les papiers même en vibraient d’émotion.

 

 

 

 

 

 

...

Lundi et les érables secoués par le vent.

Le chuchoter tout bas pour ne pas froisser Myrrhus l'Ancien... mais quel confort !... Quel confort de travailler avec Myrrhus-le-Merveilleux ! D'ailleurs, vous pouvez le constater : Soit pendant que je pianotais quelques lignes ce matin, à l'heure des merles, soit cet après midi pendant que je composais quelques images de Carnavalet pour le projet Paris-Musées, Myrrhus-le-M a déposé cette pivoine épanouie. Et rien senti. Pas le moindre frisson. Pas la moindre panne. Pas la moindre attente... rien.

 

« Approchez… Approchez, cher bienheureux Zérène. Il vous faut traverser le Pavillon de la Pivoine, entrer sur votre droite, mon atelier, pour nous rejoindre dans le jardin. Approchez. Nous vous attendons, ma tendre épouse et moi… »

( Le récapitulatif de la "page flottante" est rangé dans le "tiroir n°1 de mots trouvés"

du Magasin clément. )

Sentinelle, à la descente du pont, un saule, pâle, oscillant lentement comme un éléphant, presque menaçant, presque blanc, devant le Pavillon de la Pivoine.

Le Pavillon : Toit tout en tuiles de faïence, aussi régulières et nacrées que des écailles de carpe au soleil.
J’entends. La voix d’un homme nasonne. Assurément, il me hèle. Clapotis de mots que je comprends pas. Alors, le merle, de sa lisière de bambous, traduit :

... Dans la nuit de mercredi à jeudi : Dépot de mots derrière mon dos. Sans doute Myrrhus-le-Merveilleux a-t-il voulu, par cet acte pirate, nous signifier qu'il reprenait fièrement, dignement le flambeau de son ainé, Myrrhus l'Ancien ...

Donc, ce dépôt clandestin d'une copieuse cargaison de mots. La "page flottante" s'étoffe.

Où l'on apprend que Zérène, ce peintre miniaturiste du XVIIIe siècle en dérive en mer de Chine, arrive sur le seuil de la maison de maître Luo Wong ...

Sur les trilles, les halètements ont repris, entrecoupés de petites plaintes. Par instant. Aiguës. Pointues.
À la suite du dernier cerisier, un abricotier, plumeux et gracieux comme un cygne. Blanc. Puis. Un pont. Aussi lisse, aussi poli que de l’os. Blanc. Je passe. À mon ombre sur l’eau, fuite des carpes et autres poissons, tous albinos, éclairs aveuglants de leurs ventres et de leurs nageoires argentées. Et.

... Méfiance ! Oui, il me faudra dorénavant être sur mes gardes : Myrrhus le Merveilleux a, en plein milieu de son front blanc, un oeil noir. Hier soir, il m'a piégé, le Facétieux. Flash dans l'oeil et je me suis retrouvé, malgré moi, sur les "instants cléments"...

Ce matin, dans le tiroir des mots trouvés du Magasin, tri des mots nouveaux des déambulations de Zérène en mer de Chine. Je rapatrie. Et les voici ici...

...

... Retour des gorges de l'Allier, de Brioude, cette jolie petite ville du Puy de Dôme qui a fait ces deux derniers mois la fête au Magasin Zinzin... et ...

Oh !

Quelle est donc cette malice du nouveau Myrrhus, dit Myrrhus IV le Merveilleux, pour avoir déposé quelque suite de la "page flottante" dans le tiroir des mots trouvés du Magasin clément ?

Emmélage de pinceaux ? Ou nouvelle stratégie ? Ou bien Myrrhus le Vieux, si fatigué ces derniers temps, n'aurait-il pas été clair dans ces dernières volontés ?

... à suivre de près donc ...

( Atterrissage ... Jetlag ... ! ... et très mauvaise surprise à mon retour : grand bazar dans mes connections internet... Myrrhus II très essoufflé, presque exsangue... Tristesse.
Alors décision lourde, importante : Remplacement., achat d'un nouveau Mac : iMac, Duo Core Intel 20 pouces, une mémoire d'éléphant blanc...

Baptisé Myrrhus IV ...

Et comme il est courant lors des passations : Un autre bazar dans mes connections !

Donc ce silence...

Myrrhus IV : grand, blanc, à peine plus épais qu'une grosse boite d'allumette, vif, lumineux... moderne, voir d'avant garde ( ce qui n'est pas pour me déplaire ) ... Mais mais mais : je le soupçonne de s'être mis en malicieuse connivence avec Myrrhus II ( Myrrhus III, lui, étant un petit portable que je glisse dans mon sac lors de mes "pauses", promenades et écritures au vert de "mon" Vendômois ) ...

Tout s'arrange donc. Sourire et un grand bonjour à vous toutes et tous... Quelques jours silencieux encore : Me carapate de nouveau pour fêter Magasin Zinzin, à l'invitation de la jolie ville de Brioude, en Auvergne... )

C

Allée. Apnée. J'avance. Moitié du quart de li parcouru.

... ... ...

Tsing-Tao. 19h28. N'ai pu me rendre hier au web-shop.
Plaisir de découvrir que Myrrhus avait pourtant déposé la fin de la phrase. Presqu'illisible, c'est vrai. En me tordant le cou, et par déduction, je viens donc de la décrypter...

Encore deux jours à profiter de cette île Verte, Tsing-Tao, petit paradis éperdu d'oiseaux, de caméléons et de papillons...

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( Le récapitulatif de la "page flottante" est rangé dans le "tiroir n°1 de mots trouvés" du Magasin clément ---> prendre la passerelle, là, sur la droite )

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