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jeudi, 19 juin 2014
"Le Livre Épuisé" : English translation (7)
THE BUSHED BOOK
(temporarily title)
Shattered by storms, starched with salt and spray
it plopped itself down at dawn like a bird of stone
weary with travels, heavy with clouds.
Flying upon his eyelids, its shadow woke up the child,
a shadow looking like a dark star.
And by the sound of its fall over the dunes
the child got up against the sunlight
and walked into the wind towards the desert.
( ci dessous, suite de la traduction travaillée samedi 14 juin 2014 )
The blushed Book lied down, right there
among the waves of sand created/caused by the crash
The child lifted it up with difficulty,
so heavy its pages with water, salt, shells,
with seaweeds and grass’ scraps.
Facing the sun, for a long time,
he remained squatting,
the open and panting Book on his knees.
For a long time.
When the sun had drawn the smallest drop from the Book,
when the wind had blown the slightest grain of salt,
then, the Book whispered in its crumpled paper tongue :
( ci dessous, suite de la traduction travaillée ce dimanche 15 juin 2014 )
«I am an old Book. I am an old and exhausted picture Book,
smoothed by so many hands that the colors are flaking off
and are leaving on your fingertips silver dust like butterflies,
I am frayed by so many faces
that the grain of my paper is crumbling away
like the sand of your desert.
You will be the one, child of the dunes,
the one who will turn my last page.
Come with me, I shall take you along in the leafy forest of my pictures.
Come ...»
( ci dessous, suite de la traduction travaillée lundi 16 juin 2014 )
And the child turned the first page...
«Did you see, I showed you the city.
Did you see my majestic city crowned with neon lights ?
My aluminium city
sparkled by electric Milky Ways.
Do you know, child of the dunes, that it is in the mirror of her iron towers
that the moon prefers to powder her nose ?
In the city too, the river, like a slow grass snake,
falls asleep every night along the lamplights,
dreaming about the sea.
See ! See how graceful she is when,
at the first cold and mist of autumn,
her cathedrals are flowing the swallows.
Look, child of the dunes, look ...»
( ci dessous, suite de la traduction travaillée mardi 17 juin 2014 )
And the child and the wind turned the second page ...
«Certainly, said the child. It is true that your city is beautiful.
Delightful the moon in the mirrors of towers,
graceful the great grass snake of your spleepy river,
enthralling your cathedrals...
but show me the snow.»
whispered the child of the desert
with his most sweetened voice not to hurt the Book.
«Wait for the time, child.»
Look beyond the dunes at the sheperdess of sources.
The one who bears, engraved in the hollow palms,
the map of the rivers and the smallest brooks.
( ci dessous, suite de la traduction travaillée mercredi 18 juin 2014 )
She draws fresh water tears from every gypsum flower.
She makes gush springs under every thorn bush and dry tree.
And when she opens, at night, her vague coat of waves,
shoals of salmons pink and rainbow trouts
are flowing under the stars.
Come. Put your steps in my steps.
If you look carefully in the flaques of your traces,
you might see, if you lean over a bit,
the great white whales...
Look !»
And the child, the wind and the lizard of the sand
turned the third page ...
...
(to be continued)
Copyright © Frederic Clement, texte déposé à la SACD
.
LE LIVRE ÉPUISÉ :
(livre anciennement publié aux Ed. Ipomée-Albin Michel)
Éreinté d’ouragans, tout empesé de sel et de ciel,
il se laissa tomber à l’aube comme un oiseau de pierre,
harassé de voyages, trempé de nuages.
C’est son ombre qui réveilla l’enfant, son ombre
comme une étoile sombre filant sur ses paupières.
Et c’est au bruit de sa chute derrière les dunes
que l’enfant se leva à contre-jour puis marcha
contre le vent vers le désert.
Le livre épuisé gisait, là, parmi les ondes de sable
provoquées par le choc.
L’enfant le souleva avec peine tant ses pages étaient lourdes d’eau,
de sel, de coquillages, de lambeaux d’algues et d’herbes.
Il resta accroupi longtemps, le livre ouvert et pantelant
posé sur ses genoux, face au soleil.
Longtemps.
Quand le soleil eut fini de boire l’eau du livre,
quand le vent eut léché chaque grain de sel,
le livre dans sa langue de papier froissé chuchota :
« Je suis un livre vieux, un vieux livre d’images fatigué,
lissé par tant de mains que mes couleurs s’écaillent
et laissent sur le bout de vos doigts des paillettes de papillons,
usé par tant de visages que les grains de mon papier s’effritent
comme le sable de ton désert.
C’est toi, Enfant des dunes, c’est toi qui tourneras ma dernière page.
Viens, je t’emmène dans la forêt feuillue de mes images.
Viens… »
Et l’enfant tourna la première page…
Tu as vu, je t’ai montré la ville.
Tu as vu comme elle est belle, ma ville couronnée de néons,
ma ville illuminée d’électriques voies lactées.
Sais-tu, Enfant des sables, que c’est dans le miroir
de ses tours d’acier que la lune préfère
se repoudrer le nez ?
C’est dans cette ville aussi que chaque nuit
le fleuve comme une grande couleuvre s’endort
le long des réverbères en rêvant à la mer.
Vois, vois comme elle est belle quand aux premiers froids,
aux premières brumes d’automne,
ses cathédrales suivent les hirondelles.
Regarde, Enfant des dunes, regarde… »
Et l’enfant et le vent tournèrent la deuxième page…
"Vrai, dit l’enfant ... C’est vrai, ta ville est belle.
Belle la lune dans le miroir des tours.
Belle la grande couleuvre de ton fleuve endormi.
Belles tes cathédrales.
Mais, murmura l’enfant du désert de sa plus douce voix
pour ne pas froisser le livre,
montre-moi la neige. »
« Attends le temps, Enfant.
Regarde au loin des dunes la bergère des sources.
Celle qui porte gravée dans le creux de ses paumes
la carte des rivières et du moindre ruisseau.
Elle tire des larmes d’eau douce à toutes les roses des sables.
Elle fait jaillir des sources sous chaque buisson d’épines,
chaque arbre sec.
Et quand elle ouvre, le soir, son vague manteau de vagues,
il coule sous les étoiles des bancs de saumons roses
et des truites arc-en-ciel.
Viens. Mets tes pas dans ses pas.
Si tu regardes bien dans les flaques de ses traces,
Tu peux voir passer, en te penchant un peu,
Les grandes baleines blanches…
Regarde ! »
Et l’enfant et le vent et le lézard des sables
tournèrent la troisième page…
...
Copyright © Frederic Clement, texte déposé à la SACD
... à suivre
.
06:50 Écrit par frédéric clément dans rayon bruits qui courent, Rayon éventaire, Rayon fleurs, Rayon lumières, rayon parenthèses, Rayon plumes, Rayon surprises, rayon suspens, rayon temps suspendu, rayon temps suspendu, Rayon voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frédéric clément, frederic clement, livres, grains de beauté, lubie, fleurs, vanités, paris musée, chat, chapeau, chihiro, paradisier, ovo, cabinet curiosités, ange, naples, napoli, chapelier, plumes, chapellerie, paradis, cirque, circus, botanique, magasin zinzin, jardin, tuileries, fleur, vanité, cabinet de curiosités, breughel, brueghel, paris, ravel, maurice ravel, | facebook | Facebook